Jumelage avec la Macédoine



Jelana Nikodinoska  devenue depuis peu Madame Chapovska et Mitze Chapovski, les acteurs du film "100 ans aprés" réalisé dans le cadre de notre jumelage et qui sera projeté en ouverture de nos rencontres nationales de Soulac, étaient de passage en Provence ce Week End.

Avec Jeanne et Vito nous avons organisé une petite fête pour célébrer notre jumelage en leur présence et j'en ai profité pour remettre à Mitze la médaille de l'amitié  France Macédoine.

Alain BOYER


PROJET JUMELAGE UMCV MACÉDOINE par VITO CARACCI
Au début fut la proposition faite par Mr Sevestre de jumeler un club avec la Tunisie.
J'ai décidé de rattraper la balle au bond, séduit par cette idée.
Aller savoir pourquoi, la proposition n'a pas été retenue par mon club CVA !
Par contre elle a séduit mon autre club, Atelier Ciné PassionVelaux, l'affaire est en cours ... Du séjour de l'UNICA (Bulgarie) je reviens avec quelques possibilités de jumelage, eu égard aux différentes affinités relevées à RUSE. Au delà des clubs, et pour faire évoluer l'UMCV, il devient évident à mon esprit de proposer un partenariat UMCV reste du monde.
Ma première idée est de vous proposer de demander au représentant de l'Arménie, Mr Art Hovanessian. Mme Jeanne Glass nous en dissuade eu égard au caractère peu engageant de l'Arménien.
Le deuxième pays proposé par mes soins est la Macédoine dont j'ai pu apprécier en Bulgarie la sympathie de la famille Chapovski, et dont Jeanne a une haute opinion.
Après 2 ou 3 échanges de courriels entre Mitze Chaposki et nous, il apparaît que nous
sommes d'accord sur le principe de nous faire des propositions. À noter que le principe est un jumelage entre UMCV et la Fédération Macédonienne et non entre UMCV et club Macédonien.
Nous voilà au travail. Première réunion d'un comité de jumelage. Compte rendu traduit et envoyé en Macédoine. En réponse, nous recevons une acceptation de principe des
Macédoniens qui délèguent Mitze Chapovski comme responsable des opérations et qui sera donc en charge avec moi même
de ce dossier. Conformément à nos engagements, nous avons transmis le lien du site
web, avec surtout les liens pour accéder à Atout Sud. Jeanne est en train de mettre noir sur blanc un historique de notre organisation que nous leur transmettrons, en anglais. À noter justement, le problème de la langue ! Ceci avait été évoqué comme un frein, voire une incompatibilité pour un jumelage.
Mais, heureusement, de notre côté nous avons la plus anglophone de nos membres et de leur côté Mitze, qui était l'interprète attitré de son père Petre au jury de l'Unica.
Pour la suite, reste à sélectionner une liste de nos films à leur envoyer (sélection tenant compte du minimum de dialogues). Mitze a demandé une adresse pour nous envoyer des films et autres documents, ce sera chez moi. Le plus important, le plus difficile, mais aussi le plus au coeur d'un dossier comme celui ci sera de réfléchir avec les Macédoniens sur l'élaboration d'un scénario avec le dessein d'une coproduction franco-macédonienne non professionnelle.
Pour cela, et tout le reste, je vous invite toutes et tous à participer à cette belle aventure d'union et de partage tout en pratiquant notre passion, le cinéma non professionnel


Genèse d'une belle aventure

 

En 2012, lors d'un festival de courts métrages en Croatie, des vidéastes amateurs de notre région Daniel Caracci, Jeanne Glass ont sympathisé avec leurs homologues Macédoniens Mitze Chapovski et sa sœur Aleksandra.

 

L'UMCV (Union Méditerranéenne de Cinéma et de Vidéo) lors de son conseil d'administration du 11 décembre 2012 a étudié et proposé de prolonger ces chaleureux contacts par un partenariat. Cette démarche a pour objectif de faire un bout de chemin ensemble afin de mieux nous connaître, de mieux découvrir nos pays, nos régions respectives à travers des échanges culturels liés à notre passion commune le cinéma de courts métrages amateurs. Pour cela nous avons décider des échanges réguliers de films, de revues (Atout Sud pour notre part), partager nos sites internet, de procéder à des échanges de participants à nos jurys, à nos rencontres.

 

En 2013 courrier d'acceptation du partenariat par Robert Jankuloski Secrétaire Général de la Fédération de Cinéma de Macédoine.

 

En 2014, Aleksandra Chapovska est venue à Ventabren participer à nos rencontres régionales. En ouverture de nos rencontres 3 films de Petre Chapovski le père de Mitze et Aleksandra ont été présentés.

 

En 2015, Laurent et Janou Becker sont allés représenter l'UMCV au festival de Benec en Macédoine. Les films de l'UMCV Persécution (R.Arché) Mon Papy (D.Caracci) Schizozo (L.Becker) Jean Photographe (J. Berizzi) Homo Hurbanis (D. Caracci) Minoucosmos (A. Boyer) ont été  projetés, le samedi 30 mai.

 

En 2016, la coproduction d'un film devait être lancé à partir du scénario primé au concours de scénarios lancé en 2015 ouvert à l'ensemble des adhérents de la FFCV.

 

Alain BOYER

 


Kino sojuz na Makedonija (Cinema Association of Macedonia)
Gradski Zid br.5
PO Box 14 MK-1000 Skopje Macedonia
February 4-th, 2013 UMCV (Mediterranean Union of Cinema and Video)
Mr. Alain Boyer, President
Dear Mr. Boyer,
After receiving your letter for a partnership between the UMCV (Mediterranean Union of Cinema and Video) and the Kino sojuz na Makedonija (Cinema Association of Macedonia), as well as the Summary of your Board meeting of the UMCV that took place on December 11-th, 2012, we must express our gratitude for such an offer for connecting our two organisations. We all agree that this kind of a partnership will contribute to the development of the our nonprofessional cinema and will bring closer together the amateur filmmaking of France and Macedonia.
Therefore, it's our pleasure to inform you that we accept your offer for partnership which has been sent to us on December 17-th, 2012. By making this decision we hope that we will make our cultural exchange more efficient, we will improve the functioning of our organisations in many levels, and we will all make our general objective possible - “Getting to know each other better , through cultural exchanges, in relation to our common passion: making short films”.
From your letter, we know that you have appointed Mr. Daniel Caracci to be in charge for the mission.
We are sure that he will do his best in making this project work. From our side, we delegate Mr. Mitze Chapovski to be in charge for all the matters concerning the Cinema Association of Macedonia.
We are thankful for your initiative for starting this project. We hope that both of our delegates will make their effort in bringing the two film organisations together, and that the French and Macedonian amateur filmmaking will be much closer in the future.
Sincerely yours,
Robert Jankuloski
General Secretary of the Cinema Association of Macedonia





Jeudi 21 mai, 8h30, youpi nous voilà partis... Oublions nos tracas et cap sur l'aventure.
Un vieux réflexe de navigateur, qui n'a guère cours dans un périple "by car" Tant pis, c'est adopté !
Laurent a assumé tout seul la responsabilité des circuits, des modes de transports et des hébergements. Je suis complètement séduite par les options retenues via le Net. (A.ferry pour le bateau, booking.com pour les hébergements tous pays...) en piste pour la  Macédoine (ancienne république de Yougoslavie)

Jusqu'à Genova,rien de remarquable. Autoroute sans histoire, flux régulier, radars aussi innombrables que les tunnels, Saint GPS veille sur notre régulateur. quelques vallons agricoles, mer en fond d'écran, que dominent de trop rares corniches . Et de nouveaux tunnels, pour l'alternance.

Nous faisons présentement route vers Florence pour 2 nuits. Samedi à 13h nous embarquerons depuis Ancona pour Durrès en Albanie.(environ 18h de traversée de l'Adriatique)... Comme dirait Guillaume avec son heureux sourire, Cool !
Et l'aventure dans tout ça ? C'est maintenant, quelque part après Genova, un appel tél : le ferry au départ d'Ancona ne partira pas samedi. Nous pouvons choisir une autre destination, un autre jour...
- Que décidez-vous ?
Panique à bord, les billets seront remboursés mais l'hotel en Albanie ?
En quelques instants de concertation et dans l'urgence, je demande à l'hotesse A.ferry, de tout annuler. On avisera au calme.
Les parkings en Italie sont macadam crasse et rares. On discute, on regarde notre carte européenne. Y'a quelques possibilités qu'il faut approfondir. Quant à moi, l'idée de passer les vacances en Italie m'enthousiasme... Tant pis pour la Macédoine et le reste. Ça énerve grandement Laurent. Se sentirait-il mandé pour une importante mission ?
Bon d'accord le prétexte à cette échappée printanière c'est le festival de cinéma macédonien. D'accord, Laurent doit y représenter l'UMCV. Mais si on peut pas passer par la mer, il reste  2000 km à se palucher en voiture, et moi je ne suis guère emballée... Ça fait un long bord à tirer ! Alors que l''Italie est à portée de roues.Je le sens inquiet, mon pilote.

-Allez te bile pas Laurent, à toute chose malheur est bon !

samedi 23 juin
Je le savais qu'il y aurait de bonnes surprises. Finalement, Laurent choisit l'option ferry depuis Venise vers Igoumenitsa (en Grèce). La traversée sera plus longue, un peu plus couteuses, et l'option Grèce s'ajoute à nos vacances.

Je vous dis un mot du ferry. Déjà un cirque monumental pour trouver à Venise le bon port d'embarquement. (on a tourné viré, reculé, plus d'une heure, le gps ne connaissait pas cet endroit) Ensuite le ferry qui fait cette ligne est destiné essentiellement aux poids lourds. Sur les ponts et salons on croisait des groupes de routiers plus ou moins musclés, habitués des lieux, familiers avec l'équipage et hyper bruyants... Notre BMW sur le parking s'est fait toute petite, coincée entre deux semi-remorques. Nous quittons Venise sous le crachin et le brouillard. Un peu tristounet tout ça. Nous restons longtemps dans le salon à lire ou papoter.

D'un coup la lumière change, on se précipite sur le pont supérieur. C'est trop beau. La mer est ondulatoire, une brise sympathique force 3/4, pas utile de réduire la voilure. Le ferry se propulse à 25 noeuds...

Dimanche 15h, nous débarquons en Grèce.
Nous sommes tous les deux émerveillés. Dès la sortie de la ville, les routes secondaires sont des voies royales, quasi désertes. Nous traversons de vastes plaines cernées de sommets enneigés. C'est vraiment chouette, très minéral à l'horizon. Le GPS nous guide à proximité de notre hotel à IOannina, mais là où nous arrivons, point d'hotel. On baragouine de l'allemand et de l'anglais, finalement un brave père de famille appelle l'hotel avec son propre téléphone. Il a vite fait de nous mettre dans le droit chemin. J'en profite pour faire une distribution massive de Kinder-coco aux trois enfants en guise de remerciements. Trop heureux d'abandonner vélos et trottinettes pour leur gouter improvisé.
Est-ce que ça c'est aussi de l'aventure ?
Pour le tourisme d'immenses sites archéologiques de l'époque romaine. Les maisons sont modestes, annexées d'abris ou ateliers en toles, un peu boxon les jardins. Mais de véritables palaces peuvent s'y perdre.
Nous passerons trois jours en Grèce sans voir un seul uniforme. Un pays sans la pression de la police, ça existe et c'est en Grèce, province de Macédoine.
Nous passons la douane pour le pays de Macédoine en fin de matinée au bord d'un lac, village de Kilkis. Très champetre la douane et fort sympathique. Nous faisons toujours l'impasse sur les autoroutes.

Notre route est verte, bordée de lauriers roses, de chenes, de fougères arborescentes immenses. Une belle route quasi déserte à travers des gorges fraiches. Les roches qui s'y trempent sont abruptes et immenses. C'est troublant ce monde mineral-végétal qu'une rivière sépare.

D'un coup l'horizon s'élargit, la montagne recule et de vastes champs et plaines s'étalent à perte de vue. On croise, on dépasse des charrettes tirées par un cheval ou un ane. Le monde rurale ici est besogneux, pas une seule machine agricole, juste des paysans et des paysannes penchées sur la terre... Et quelques tracteurs. Les fermes sont modestes, perdues au milieu des champs. C'est un monde très esthétique et reposant. Je me sens vraiment bien.
Voilà, mardi soir, le gps nous dépose à l'entrée de l'immeuble de Mitze qui nous héberge ce soir...

La mission cinéma UMCV de Laurent est sauvée....  A la prochaine.JanouB

Nous sommes toujours en capitale macédonienne, Skopje.
L'accueil de Mitze est époustouflant. Il met son appartement à notre disposition et retourne vivre chez ses parents l'espace de quelques jours. Le frigo est plein de boire et de manger, et c'est tout pour nous !
Pietre et Stonia les parents nous ressemblent. En quelques heures et quelques bafouillages en langue britannique, nous voilà comme frères et soeurs, Plus de complexe entre nous. On s'en donne allègrement du massacre d'idiomes Mais le vrai miracle c'est qu'on se comprend très bien. Ou complètement de travers et là on s'offre de bonnes tranches de rires.

Toute la famille nous prend en charge de manière magistrale. Nous passons aussi deux jours avec Jany, l'ami de Pietre. Un bonhomme vivace, plein d'humour et franchement amical. Alexandra la soeur de Mitze nous embarque à pied en repérage à travers la ville, un pilote de première ligne.
Nous sommes trop heureux le jeudi de profiter seuls de cette ville étonnante. Nous sommes en dehors de nos sentiers habituels. C'est à la fois une grande ville (800 000 hab à la louche) et plein de quartiers très tranquilles.Des immeubles flambant neufs, murs de verres fumés, scintillants comme du marbre,  immenses qui découpent les nuages mais aussi immeubles tout aussi neufs mais version byzantine. Ceux-là couchent leurs coupoles sous les nuages... Une architecture de choc des cultures. Les macédoniens n'ont pas peur de mixer les époques.

Le "Vardar" fleuve agité à fort courant, se traverse sur des ponts neufs bordés de statues qui évoquent le monde politique ou le monde artistique.  Chaque coin de rue, chaque place, célèbre une figure de héros. Ceux de la mythologie fraient avec ceux de l'histoire. Ces statues sont titanesques, époustouflantes. Au hasard des rues et de taille humaine il y a aussi les hommes et femmes traditionnels, le cireur de chaussure, le danseur sur son tambour, le mendiant.... La fontaine que je préfère honore la maternité, femme enceinte, bébé au sein, mère et jeune enfant, quelle ronde apaisante. Quel bel honneur pour les femmes !

Droit devant nous, devant le parlement, des tentes de toutes tailles et de tous styles, des banderoles colorées. J'interpelle Laurent,
- Alex et Olivier auraient aimé, on dirait une foire expo de matériel de camping. On va voir ?
- Tu trouves normal le baby-foot au milieu de la rue, et le billard ?
- T'as raison, les banderoles, elles ressemblent à des slogans, non ?
On s'approche un peu. Des tas de gens vont et viennent à travers cette rue fermée aux véhicules. Des hommes appuyés aux arbres fument tranquillement. Ils rigolent, ils sont détendus. D'autres assis autour d'une table de camping jouent aux cartes...
- Ce serait pas un car de police devant la barrière ?
Que nous sommes ballots, évidemment que c'est un escadron d'observation, mince alors, pourvu qu'ils n'interviennent pas.  Les campeurs sont les rebelles qui occupent le terrain pour protester contre leur gouvernement. On le sait tous ça ! Mais ce qu'on ne sait pas c'est que ça se passe pour le moment dans la plus grande dignité, et dans le calme absolu. Ces personnes donnent l'impression d'avoir simplement changé de lieu de vie.
Nous évitons cependant le secteur et reprenons le cap des ponts. Les statues guerrières resteront inoffensives quoi qu'il arrive.
Skopje comme Veles est une ville verdoyante. Beaucoup de platanes centenaires, des érables bordent les rues, les immeubles sont noyés dans les squares... Et pourtant ! Les images ne sont pas idylliques. Beaucoup de murs, de toitures sont en ruines, les bords de rues sont chouettes et agréables mais les arrières cours sont pourries...  On y circule librement. Les personnes que nous croisons de toutes sortes, sont sereines. Mais il y a dans le décor un véritable sentiment d'abandon et c'est vraiment dommage.
Nous nous sentons bien avec les macédoniens. Ils ne sont pas pressés, ils vont, ils viennent, ils sont disponibles et pacifiques.
Pour nous c'est aussi une révolution culturelle . Nous sommes français et c'est inévitable ça se passe au niveau de la gastronomie. Elle est excellente, le problème c'est qu'on prend les repas un peu n'importe quand, en fonction du temps dont on dispose. On peut aussi bien prendre un "lunch" à 13h qu'à 18h.
Du coup faire l'impasse sur le repas du soir, mais ça nous perturbe grandement. Du moins les deux premiers jours. Ensuite, on a compris. On prend un vrai petit déjeuner continental au saut du lit, (oeufs, viande, fruits, tomate et concombre, café au lait et tartine beurrée) là on est paré pour une longue journée... Après on "lunche" copieusement entre 17h  et 2Oh. Finalement on perd moins de temps à table. J'aime bien cette formule.
Laurent et moi venons de passer cinq jours dans un pays dont la langue et l'écriture (cyrillique) sont aussi aussi exotiques qu'hermétiques. Mais nous vivions protégés et en totale harmonie avec le pays.
Question : salade (pourquoi macédoine)  Annette je n'ai pas la réponse mais j'ai appris que dans les Balkans on l'appelle salade française, en Bulgarie on l'appelle aussi salade russe...Ça me rappelle le coup de la tente canadienne que les Canadiens appellent la tente française, allez savoir pourquoi ?
Pour info à nos amis vidéastes, le festival s'est super bien déroulé et nous sommes enchantés. Les films français ont été appréciés par un public peu  nombreux mais étonnés par la qualité de nos réalisations (???)
Je prévois un topo  avec photos pour le site UMCV à mon retour.
Demain nous quittons la Macédoine. nous disposons d'une semaine pour caler nos étapes retour. Laurent envisage Le Kosovo, Le Montenegro, l'Albanie que nous avons loupée à l'aller... la Croatie et puis l'Italie...
Je vais maintenant cogiter tout ça avec lui, car nous devons réserver notre hébergement pour demain soir.

Bises enchantées. JanouB

Lundi matin 10h, Nous sortons de Skopje par l'autoroute. Hé oui, ça peut nous arriver, mais juste pour sortir de là. Laurent n'est pas tenté par la voie rapide qui mène au nord de la Croatie. Où serait le charme d'un tel itinéraire ? Donc, vitesse moyenne prévisible de 40km/h pour les prochains 230 km, ça c'est du tourisme.
Je vois d'ici Annette et Claude qui se gaussent.
Albanie, nous fonçons vers toi !
Dubrovnic était au programme mais la ville c'est pas notre truc et puis Laurent a trouvé un hotel à 30 € la chambre double  luxe, paumé au fond d'un vallon en pleine montagne... J'adopte sans arrière pensée ce petit miracle.
Question cap, plus nous approchons de l'Albanie plus le décor évoque le monde musulman. Les minarets se multiplient, les costumes  deviennent plus austères...
Poste frontière : la douanière est petite, grosse et rigolote. Elle a meme pas d'uniforme. C'est une douanière pour du beurre. Elle secoue un sac, soulève une valoche, tout en regardant Laurent.
- cigarettes, alcools, rakia ? (ça ferait un joli refrain non ?)
- No cigarettes, just one rakia, gift !
- ok, go on

Un signe vers l'avant, on est passé...

Voici la campagne qui se désole. Un monde essentiellement rural. Mais de biens pauvres ruraux. D'immense monticules de foin, de paille sont enroulés autour d'un pieu et montent la garde devant les maisons. Mesure-t-on la richesse d'un paysan à la taille de ces meules...ou de leur nombre ?

Passées 40 ans les femmes portent de longues jupes noires que recouvrent des chemises noires. Elles protègent leurs cheveux avec des foulards noirs ou blancs... J'ai aussi remarqué que ce foulard était un important signe de coquetterie. De loin, elles paraissent plus que centenaires, mais de près leur regard et leur joli sourire trahissent leur jeunesse. Les hommes sont plus standardisés. Ils sont sobres, propres, bien rasés et leurs cheveux sont courts. Ce sont de belles personnes au regard intense.
Pas une seule église, pas une seule coupole, pas un seul clocher. La mélopée du muezzin et les minarets chantent un autre monde.

Les vaches circulent librement le long des routes, une vachère tue le temps en reprisant des chaussettes blanches, un vacher lézarde sous un tilleul, 3 ou 4 bestiaux paissent au ras du bitume. Au détour d'un virage, notre capot quasi nez à nez avec celui d'une belle rousse qui déambule en tortillant du popotin le long de la ligne continue. Quatre pattes parfaitement alignées. Elle nous a ignorés.

Nous traversons quelques villes, ambiance citadine.Beaucoup d'entre vous ont vécu ça dans d'autres continents, les poules, les vaches, les chèvres qui  ne respectent pas les feux rouges, les vélos qui roulent à contre sens, les piétons de tous poils qui déboulent devant vous, les charrettes qui occupent la moitié de la chaussée et les bus qui se déportent pour les éviter. Les gamins qui jouent au ballon entre deux voitures stationnées. Faut dire que les trottoirs sont envahis par le marché permanent et que tout le monde est sur la chaussée... Totale anarchie.
Mais que fait donc la police ? Car la police est omniprésente, à l'entrée ou à la sortie de quasi chaque village, au ras du bas coté, là aussi c'est un miracle de pas en avoir fauché un... Il nous ont seulement stoppés 5 fois sur une centaine de km.... Les mercedes sont les véhicules rois, ils roulent comme des dératés, ne connaissent aucune loi du code de la route, Je m'amusais follement presque aussi bien que dans les autos tamponneuses quand faut éviter les copains...
Puis nous avons pris une piste, secret de pilote averti. Le long de gorges profondes, de magnifiques alignements de grenadiers sauvage, une rivière verdoyante... trop beau, j'aurais aimé ne jamais arriver. Quelle sotte pensée !
Le GPS nous bifurque à droite un pont de bois branlant au dessus d'un torrent, qui débouche sur un chemin empierré.
- n'y va pas, la voiture va passer à travers !
La voix suave de l'hotesse gps me coupe la chique
- Vous etes à 100 mètres de votre destination !
Laurent hésite, moi, je pense qu'on devrait aller jeter un oeil à pied. Y'a pas d'habitations visibles et un hotel ça se repère non ? Et une fois qu'on serait engagé dans ce coupe-bois.
Laurent reste très confiant quant aux voies du GPS (voix virtuelles surtout féminines...)  on le changera pas. Je crois que ma méfiance l'énerve.
- Bon tu veux descendre ?
Alors je fais la fortiche comme d'hab
- Non surtout pas, si tu passes à travers les planches je veux mourir avec toi, noyée dans la rivière ... (entre nous, j'ai surement pied jusqu'aux chevilles !)
Au ralenti, grondement de bois qui branle,  rembarde transparente pour nous retenir ou pas...  Quelques giclée de cailloux plus tard, on est au milieu de nulle part, la rivière à babord, prairie et petits bois à tribord dominée de montagnes sombres... joliment sinueux un sentier forestier, s'il mène quelque part c'est surement pas à un hotel.
Je l'explore en quelques enjambées.  C'est un cul de sac. Retour à la voiture qui avance toujours au pas.
- Dis Laurent, tu te sens de faire demi-tour à reculons ?
C'est alors que la voix suave de l'hotesse gps me répond.

- vous etes arrivés à votre destination...

Depuis le petit pont de bois,

La rivière était enchantée mais pas maléfique du tout. Quelques tours de roues plus loin, une voie joliment aménagée nous a menés dans un hotel de grande catégorie tenu par deux charmants jeunes hommes.
Du coup, la soirée s'est prolongée main dans la main le long des noisetiers, des grenadiers et autres ombrages, le chant des grenouilles parlait d'amour. Et c'était pas des voix virtuelles.

Douane symbolique. Nous voilà au Montenegro, Un pays accueillant, pas de radars, pas d'uniformes, pas de képis, enfin un pays civilisé. Nous longeons une corniche le long d'une vaste vallée qui tient à distance d'immenses sommets enneigés. Un monde paysan plus moderne. Les vaches dans les prés sont au piquet. Serait-elles si peu sages ? Leur longe respecte largement la zone d'évitage.
Avant la douane, pause sympathique au bord d'un lac. C'est chouette, c'est isolé, c'est tranquille. Puis nous repartons vers la Bosnie, du maquis, des ruines de zones militaires et encore du maquis ou des chaumes desséchés.  Cette campagne est quasi déserte. Impressionnant. La route est défoncée. Heureusement qu'il n'y a pas grand monde car  les rares véhicules qu'on croise nous foncent dessus pour éviter les crevasses de la chaussée.

C'est maintenant notre entrée en Croatie. Encore une douane pour du beurre. A peine un ralentissement. Si mal informés que nous sommes nous apprenons que ce pays de l'Europe a gardé sa monnaie, le Kuna (Kouna). On ne résiste pas au plaisir d'échanger quelques euros pour l'incontournable mousse que Laurent savoure dans chacun des pays... (car sachez-le, c'est d'importance, on trouve partout de l'excellente bière locale) A ce propos je crains un sévère couinement de pèse personne à notre retour... En meme temps un pèse personne, comme son nom l'indique, ne pèse personne... donc pas nous !
Croatie, donc, Toujours de vastes zones agricoles mais les tracteurs et autres charrettes circulent raisonnablement, les pilotes de mobylettes portent leur casque sur la tete et sur les bas-cotés on ne rase que les mottes de terre ou les cailloux.

Voilà que nous longeons un lac qui s'élargit, s'élargit, s'élargit, se divise en de multiples lacets et méandres... Et voilà que c'est la mer semées d'iles immenses. Je m'en mets plein les yeux de cette étonnante mixture, mer-terre.
Un tout petit village, notre hébergement, balcon sur la mer. Que du bonheur. Tellement émerveillés d'avoir les pieds dans cette eau extraordinaire, que nous décidons de rester là deux nuits et faire l'impasse sur une étape intermédiaire.

Main dans la main le long d'une plage idéale. Nous évaluons la distance de l'ile la plus proche (4/5 milles) les autres s'étalent, s'imbriquent autour, on ne sait pas trop qui est qui.
Nouvel embarquement macadam. Nous n'avons que 250km à faire mais en voies secondaires comme d'hab. Des petites routes paysannes qui enjambent d'immenses plateau presque en bord de mer. On ne s'en lasse pas. A la recherche d'une maison à retaper, isolée en montagne à 10km de la mer ? investisseurs réveillez-vous !

C'était une petite pause pour un futur imaginaire. Vers 18h nous sommes passablement fatigués, la voix suave de l'hotesse GPS nous annonce que nous sommes à 2 km de notre destination. Nous zigzaguons en front de mer, à travers un lotissement plus ou moins fini qui grimpe à flanc de montagne. Je formule quelques doutes quant à la probabilité d'y trouver un hotel.
La voix suave que nous connaissez bien nous annonce alors,

- Vous etes arrivés à votre destination....

Laurent excédé lui coupe la chique. Moi, je rigole,  j'm'en fiche, j'ai une couette à l'arrière du véhicule.  Et on continue de monter.... La villa Barrica est deux lacets plus haut, immense, magnifique. Un bon gros patron nous accueille à bras ouverts. La encore nous profiterons d'une longue ballade dans l'arrière du village, nez au vent, GPS consigné à l'hotel. Quel bon moment de totale liberté.
La nuit tombante nous ramènera sur notre balcon pour l'émerveillement des iles et de la mer qui se confondent sous la lune.

Vendredi matin, le circuit retour s'annonce. Une nuit tranquille dans la banlieue de Venise. Je vous la fais courte de peur de vous lasser. Mais nous avons passé plus d'une heure à contourner Venise par l'autoroute. Affreusement long. Et d'un coup la voix suave (à deux km de notre destination) nous engage sur une bretelle à travers vignes et champs de blés. Quel bonheur, on est sur une espèce de digue en macadam, on domine la situation.La voix suave de l'hotesse GPS
- Vous etes à 500 mètres de votre destination...
-  Pour etre tranquille, on sera tranquille, c'est génial.
Y'a pas l'ombre d'une ferme, pas l'ombre d'une habitation en vue, juste la digue qui sinue à travers la campagne et la voix suave reprend,
- vous etes arrivés à votre destination...
On a l'air malin, tout seuls au milieu de notre digue... Encore un joli moment de panique pour retourner sur une voie normale de circulation.
On se gare à l'ombre d'un chene plusieurs fois centenaire. On vérifie nos points GPS car nous voilà perdus pour de bon.
Faut savoir que la carte Europe dont je dispose représente 30km sur un 1cm alors pour les détails ça m'aide pas beaucoup. D'autant moins que Laurent maitrise l'art de nous dénicher des endroits formidables dans les coins les plus reculés du monde que nous parcourons. Lui, il a son smartphone pour les détails, c'est d'un pratique !
Donc, reprenons nos repères, et là c'est grandiose, l'erreur est de 60km... au secours !
Repérage des villages autour de notre point de chute, ça parait cohérent.
Mais c'est pas de la faute du GPS. Tous les deux comme un seul homme on a foiré nos décimales, une sorte de virgule qui s'est mise à flotter où il fallait pas bien avant qu'on voit la mer.

Le doigté de Laurent se fait délicat sur le smartphone, vérification de point et de virgule...  la voix suave de l'hotesse GPS nous dépose 1H plus tard à la porte de l'hotel dans une charmante ville historique, vue de l'hotel.

Aux aurores, direct autoroute. On dégomme nos pneumatiques malgré les innombrables radars et ralentissements divers... On arrive à Parme avant midi, l'hotel est grandiose. Une belle soirée pizza-détente s'annonce avant la longue route qui nous déposera quelque part dans les Alpes pour etre à Velaux lundi.
Je vous y retrouverai de visu, par téléphone ou par messagerie avec un immense plaisir. J'ai tant aimé ces vacances. JanouB